éditorial de Jean-Claude MAILLY POURQUOI FAIRE SEMBLANT D’ÊTRE D’ACCORD QUAND ON NE L’EST PAS ?

, par greg

Le syndicalisme rassemblé que s’évertue à promouvoir le Secrétaire Général de la CGT Thierry Lepaon (malgré une forte opposition interne) dans une alliance contre-nature avec la CFDT, s’est récemment manifesté dans le cadre d’une" lettre publique" aux autres organisations syndicales" pour réactiver en gros la fameuse et funeste intersyndicale de 2010, histoire de diluer une nouvelle fois les revendications face à la colère et à la résistance des salariés. Cette initiative relayée au niveau départemental par ces mêmes organisations montre une nouvelle fois l’importance pour la classe ouvrière de s’organiser en toute indépendance du patronat et du gouvernement sur la base de revendications claires, une condition nécessaire et indispensable.

L’UD FO 37 reprend à son compte la position de la Confédération FO qui par son attachement à la Charte d’Amiens, défend sur le seul terrain économique et de l’indépendance, les intérêts particuliers des salariés. Tel sera l’objet de notre initiative nationale du 29 janvier à Paris.

Ci-dessous l’éditorial explicite de JC MAILLY sur ce sujet :

Délaissant le téléphone et le contact direct, les secrétaires généraux de la CGT et de la CFDT ont utilisé le courriel pour s’adresser aux autres organisations syndicales. Curieuse méthode ! Quand vous voulez« inviter » quelqu’un, vous vous assurez au préalable qu’il veut vous voir et qu’il est disponible.

C’est la raison pour laquelle j’ai répondu que nous ne répondons pas aux convocations. Cela c’est pour la forme.

Sur le fond, quel est l’objectif et l’intérêt pour les salariés d’une telle réunion ? Le courriel évoque les questions d’emploi et de salaire. Comment peut-on être d’accord entre nous, les syndicats, quand, par exemple, nous sommes en désaccord de fond sur la loi de juin 2013, découlant de l’ANI du 11 janvier 2013 dit sur la sécurisation de l’emploi. On voit d’ailleurs son efficacité avec le développement des plans sociaux et de l’emploi précaire !

Comment peut-on être d’accord sur les retraites ?

Le mail évoque aussi, s’adressant non seulement aux salariés mais également aux citoyens, le risque « populiste ». En la matière, comme l’a exprimé la Commission exécutive confédérale, la lutte contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme est inhérente à nos conceptions et à nos fondamentaux syndicaux.

Et nous sommes persuadés qu’une lutte efficace contre le rejet de l’autre, quel qu’il soit, passe par le combat contre l’austérité en place dans notre pays et en Europe.

Or tous les syndicats français ne partagent pas la même position à l’égard du pacte budgétaire européen auquel, comme la plupart des syndicats européens, nous nous opposons.

Dans ces conditions, pourquoi faire semblant d’être d’accord quand on ne l’est pas ? Pourquoi créer des illusions vite amères ?

C’est, encore une fois, toute la différence entre l’action commune sur des revendications claires et le syndicalisme dit rassemblé. Nous ne nous fonderons pas dans une bouillie revendicative. Mais nous sommes prêts à toute initiative sur des bases claires et non amnésiques.

En réaction à notre position, le secrétaire général de la CFDT a considéré qu’il est de la responsabilité des syndicats de se parler face à une espèce de montée « des corporatismes et des poujadismes ». De se parler ou de faire une photo ?

Quant au secrétaire général de la CGT, il a déclaré qu’il espérait que « dans les semaines qui viennent, la raison l’emportera et qu’on pourra à nouveau défiler ensemble ».

La notion de raison est toujours relative. Ça dépend de l’objectif fixé !

On ne construit pas sur des sables mouvants mais sur du dur, c’est-à-dire des positions et revendications claires. Tout le reste n’est que « falbalas ».


lire ici la vision de Laurent Berger CFDT de l’avenir des salariés en uivant le lien hypertexte art774


et à mettre en relation avec la déclaration de l’intersyndicale reprise ci-dessous

Déclaration commune des organisations syndicales CFDT – CFTC – CGT – FSU – UNSA

La crise financière, économique, sociale et environnementale affecte au quotidien les conditions de travail et de vie de nombreux salariés, chômeurs, retraités et touche spécifiquement les jeunes. L’ampleur des drames sociaux conduit à la désespérance et menace la cohésion sociale, la capacité à vivre ensemble et in fine la démocratie. L’expression légitime des intérêts particuliers ne peut sans danger laisser se développer les corporatismes en ignorant l’intérêt général.

Cette crise qui dépasse nos frontières ne peut exonérer les responsables économiques et politiques de leurs propres responsabilités quant à leurs décisions et leurs choix. Représentant les salariés dans leur ensemble et leur diversité, les organisations syndicales CFDT, CFTC, CGT, FSU, UNSA considèrent que la leur est d’agir avec les salariés pour apporter des solutions immédiates aux situations difficiles auxquelles sont confrontés nombre d’entre eux et construire des réponses à plus long terme permettant de redonner à tous sens et confiance dans l’avenir. C’est pourquoi doit s’engager ou se poursuivre un dialogue social avec ces objectifs, dans les entreprises comme dans les secteurs d’activités, les territoires et au niveau national.

Les organisations syndicales interpellent solennellement les responsables économiques et politiques pour que soient apportées des réponses en ce sens :
 par la mobilisation de tous les leviers disponibles pour favoriser l’emploi, en particulier l’accès à l’emploi des jeunes et l’accompagnement des salariés en difficulté ;
 par une plus grande justice sociale, en matière de pouvoir d’achat et de fiscalité ; il est particulièrement nécessaire de réduire les inégalités, d’assurer l’accès de tous à des services publics de qualité et d’évaluer l’efficacité dans l’utilisation des ressources publiques, notamment des aides et exonérations accordées aux entreprises ;
 par l’engagement de la France en faveur d’un plan européen pour l’investissement, une croissance durable et des emplois de qualité en progressant significativement en matière de régulation financière et de financement de l’économie, tel que le propose la Confédération européenne des syndicats. Ce plan d’investissement doit être accompagné d’un socle social européen évitant les concurrences sociales (salaires minimums, conditions de détachement des travailleurs,...).

Les organisations syndicales demandent aux responsables économiques et politiques, au patronat et au gouvernement, de prendre la mesure des mécontentements qui taraudent la société et d’y apporter des réponses. C’est à un sursaut d’engagement qu’elles appellent afin de dépasser les discours et les pratiques qui dressent les uns contre les autres au détriment du « vivre ensemble ». Pour ce qui les concerne, les organisations syndicales s’engagent à agir en ce sens. Il en va de la justice sociale, comme du progrès économique, de la vie démocratique et de la cohésion sociale.

Les organisations syndicales rappellent leur condamnation des dérives racistes, leur engagement à les combattre dans les entreprises et les administrations et leur appel aux manifestations organisées dans toute la France le 30 novembre 2013. Les présidents et secrétaires généraux des organisations manifesteront ensemble à Paris.

Les organisations syndicales CFDT, CFTC, CGT, FSU, UNSA conviennent de se revoir rapidement pour travailler sur les questions d’emploi, de fiscalité, de pouvoir d’achat et sur le plan d’investissement proposé par la CES afin d’étudier la possibilité de porter avec les salariés des propositions communes.

Paris, le 25 novembre 2013