L’infomilitante 3307 - Protection de l’enfance FO se mobilise contre la casse sociale

, par greg

En Indre-et-Loire, les salariés de l’association Sauvegarde de l’enfance (ADSE 37) ont fait grève contre leur exclusion du plan de restructuration de la protection de l’enfance. FO dénonce, à travers les appels à projets, une logique de réduction des coûts qui détruit des emplois et le travail social qualifié.

La politique de protection de l’enfance est essentiellement prise en charge par les départements. Pour réduire les coûts, le conseil départemental d’Indre-et-Loire a lancé en décembre 2018 un appel à projets – combattu par FO – pour restructurer l’ensemble du dispositif. Le 24 avril, il a déclaré irrecevable la candidature d’ADSE 37, mettant 138 emplois en péril immédiatement et 211 à court terme. Le projet répond aux exigences, mais ils ne veulent pas examiner l’offre, dénonce Corinne Pette, salariée d’ADSE 37 et secrétaire fédérale de la Fédération de l’Action sociale FNAS-FO. Le prix de la journée est passé de 240 à 170 euros. Le seul moyen de faire des économies, c’est sur le personnel, avec des éducateurs moins qualifiés. Le département ne veut plus de salariés comme nous, relevant de la convention collective 66, ça coûte trop cher.

Immédiatement, FO, majoritaire, a lancé un appel à la grève, avec SUD, pour exiger le maintien de tous les emplois, la défense des garanties conventionnelles et la mise en place d’un plan d’urgence avec des moyens à la hauteur des besoins. Deux semaines de grève suivie par quatre-vingts salariés, on n’a jamais vu une telle mobilisation dans le secteur, souligne Corinne Pette. La grève a été levée le 14 mai, dans l’attente des résultats d’un nouvel appel à projets le 10 juillet.

Les gamins sont des numéros de dossiers

Ces appels à projets sont apparus il y a deux ans dans le Maine-et-Loire. Depuis, deux associations ont été dissoutes et une troisième est menacée. Plus d’une centaine de postes ont déjà été supprimés. Très peu de salariés ont retrouvé un emploi. Ils coûteraient trop cher, s’irrite Marc Mandelbaum, secrétaire général du syndicat départemental FO de l’Action sociale. Et dans cinq ans, il y aura de nouveaux appels à projets, avec de nouvelles économies.

La situation profite aux fondations, SOS Villages d’Enfants et à la Fondation d’Auteuil. Elles sont 30 % moins chères, car elles disposent notamment de fonds propres, poursuit-il. Et l’été dernier, à Saumur, la fondation Apprentis d’Auteuil a fonctionné avec des titulaires du Bafa au lieu d’éducateurs spécialisés.

Outre la casse sociale, FO dénonce aussi la dégradation de la qualité de l’accueil. Faute de moyens, certaines décisions de justice mettent des mois à être appliquées. Beaucoup d’enfants sont placés dans des familles d’accueil, moins chères que les centres d’hébergement. D’autres sont placés… dans leur propre famille. Dans le cadre de l’appel à projets, les gamins sont des numéros de dossiers, ils ne sont pas pris en compte, déplore Marc Mandelbaum. L’important ce n’est pas le projet, mais l’aspect budgétaire.


De plus en plus de mineurs en danger Selon le dernier rapport de l’Observatoire national de l’enfance en danger, au 31 décembre 2017, 308 400 mineurs bénéficiaient de la protection de l’enfance (+2,87 %). Le placement représente la moitié des mesures. En 2017, 104 239 nouveaux mineurs ont fait l’objet d’une saisine d’un juge des enfants. La hausse (+ 12,5 % en un an) est beaucoup plus élevée que les années précédentes (+ 3 % en moyenne sur 2001-2016). En revanche, avec 20 600 mesures de suivi au 31 décembre 2017, la prise en charge des jeunes majeurs a reculé de 6 %. En 2017, les dépenses brutes des départements pour l’aide sociale à l’enfance s’élevaient à 7,934 milliards d’euros (+ 2 % ).


CLARISSE JOSSELIN